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Le style classique

1:Les principes classiques

A:Les moralistes

Nombreux en cette époque classique, les moralistes sont ceux qui décrivent les mœurs et caractères de leurs semblables (à ne pas confondre avec moralisateurs, c’est-à-dire donneurs de leçon).

Saint-Simon, par les portraits qu’il dresse de ses contemporains dans ses Mémoires, et La Bruyère, dans ses Caractères, par exemple sont de brillants moralistes. Mais parfois, les auteurs classiques désirent donner à la littérature une perpective moralisante, et même, religieuse. C’est le cas de Pascal, qui projette d’écrire une Apologie de la religion chrétienne, et aussi de Fénelon, archevêque de Cambrai : ses Maximes des saints révèlent son quiétisme, désir de contempler Dieu, sans se soucier des dogmes et de l’Église. Voilà une position qui ne peut plaire au brillant orateur qu’est Bossuet, évêque de Meaux, célèbre pour ses Sermons et Oraisons funèbres.

B:Les savants

Les doctes sont les savants et les théoriciens qui réfléchissent aux principes de l’art, et se chargent de les enseigner. Tel est le rôle notamment de la toute jeune Académie française, créée en 1635, dont les premiers membres discutent des règles de l’art, notamment à l’occasion de la querelle du Cid.

C:La mimesis

Le principe fondamental est la mimésis, notion empruntée aux philosophes grecs, Platon et Aristote, et qui signifie en somme l’imitation. L’artiste doit imiter la nature dans ses œuvres, non pas servilement, en la copiant telle qu’elle est, diverse et ondoyante, mais en y mettant ordre. C’est donc une nature pensée et maîtrisée, parfois idéalisée, qui est représentée. Mais comment imiter cette nature ? En imitant les Anciens, qui y ont remarquablement réussi, et c’est là le second principe. L’imitation des Anciens devrait permettre de retrouver la perfection de leur art. Cette nécessité d’imiter l’Antiquité sera d’ailleurs au cœur de la fameuse querelle des Anciens et des Modernes à la fin du siècle. Enfin, et c’est le troisième principe, il s’agit de trouver le bon ton, celui qui convient à la fois au sujet... et au goût de la cour. Pour le reste, les règles dépendent des genres divers.

2:Les formes classiques

A:Le théâtre

Dès le début du siècle, en pleine époque baroque*, le poète Malherbe avait exprimé son désir d’un style plus pur et plus rigoureux, dans ses Remarques sur Desportes. Il est en somme un classique avant l’heure, ou le prophète du classicisme : « Enfin Malherbe vint », dit même Nicolas Boileau.

Mais c’est surtout autour de la question du théâtre que se constitue progressivement la doctrine classique. Celle-ci, loin d’être un corpus de recettes toutes faites, est le résultat d’une patiente et difficile collaboration entre les artistes, le public savant et le public mondain, tout au long du siècle. Ce sont tous ces principes qu’expose Boileau dans son Art poétique*, recueillant ainsi l’expérience de ses prédécesseurs. Face aux libertés du théâtre baroque*, il formule ainsi la règle des trois unités : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. » Le second vers est capital, car la principale règle est bien sûr de plaire ! Simplement, la règle des trois unités est un dispositif de concentration dramatique pour optimiser l’effet de l’œuvre sur le public.

Outre les unités, le théâtre doit répondre aux exigences de vraisemblance et de bienséance. La vraisemblance est une nécessité interne : comment croire à une intrigue incroyable ? La bienséance est une nécessité externe : il faut que le spectacle n’offense pas la vertu supposée du public par des violences, des obscénités ou des impiétés, qui seraient mal venues. Valable pour toute œuvre classique, ce précepte est particulièrement requis pour le théâtre, qui est une manifestation publique de l’art, à laquelle assistent, et parfois participent, les Grands, et le roi lui-même

B:Les autres formes classiques

La doctrine classique s’intéresse moins aux autres genres, moins pratiqués, moins publics, ou réputés moins nobles, comme le roman par exemple. Mais l’esprit classique se manifeste aussi, quoiqu’avec plus de fantaisie et de liberté, dans les lettres de Mme de Sévigné, dans les Fables de La Fontaine, et peut-être même dans les Contes de Charles Perrault.

Dans l’ensemble, outre des œuvres considérables, l’apport peut-être le plus marquant du classicisme est l’empreinte indélébile qu’il a laissée sur la langue française. La langue de Pascal est peut-être plus proche de la nôtre, trois siècles plus tard, que de celle de Rabelais, écrivant moins d’un siècle auparavant, par exemple. Sans oser même y croire, les classiques sont devenus, pour les générations à venir, la référence obligée.

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