Fiches de Cours > Lycée > Economie > Le rôle de l’échange international dans le développement économique : l’analyse de Ricardo

Le rôle de l’échange international dans le développement économique

A. Le contexte historique

Ricardo publie son livre majeur Des Principes de l’économie politique et de l’impôt en 1817 en Angleterre dans un contexte économique très particulier. En effet, la Révolution industrielle a engendré une classe d’industriels qui voient leur taux de profit entamé par la hausse des salaires. À cette époque, le rôle du salaire est de concourir à la reproduction de la force de travail, minimum juste suffisant pour nourrir une famille. Le salaire dépend donc du prix du pain, lui-même dépendant du prix du blé. En 1815, les propriétaires fonciers et agriculteurs ont obtenu du gouvernement le vote des corn laws, lois établissant des taxes douanières sur l’importation de blés étrangers pour se réserver le marché intérieur anglais. Le blé est donc cher. L’intérêt des industriels et des salariés de l’industrie coïncide pour demander l’abolition des corn laws, c’est-à-dire l’instauration du libre-échange. Ricardo va donc apporter sa contribution au débat protectionnisme (défense des intérêts des agriculteurs) contre libre-échange (défense des intérêts des industriels) en soutenant les défenseurs du libre-échange et en le démontrant.

B. La démonstration de Ricardo

Le but de la démonstration de Ricardo est d’expliquer comment on peut retrouver le chemin d’un taux de profit plus important donc permettant l’investissement et la croissance par le biais de l’échange. Ricardo vit à une époque où les facteurs de production sont immobiles. On ne peut pas investir à l’étranger même si c’est plus rentable. Pour bénéficier des coûts de production inférieurs à l’étranger, il faut donc non pas y produire mais en importer la production.

Par hypothèses, Ricardo se place dans une économie où :

  • les facteurs de production (travail et capital) sont immobiles
  • les rendements sont constants ; il n’y a pas d’économie d’échelle

Ricardo prend l’exemple de deux pays, l’Angleterre et le Portugal. Chacun d’eux a besoin de deux produits dans les quantités suivantes : x litres de vin et y mètres de drap. Pour mesurer les coûts de production, afin d’éliminer les problèmes de taux de change que poserait une évaluation en monnaie nationale, il utilise la quantité de facteur travail nécessaire à la production du bien (unité : le travail d’un homme) ; on compare les niveaux de productivité selon le tableau suivant :

Ainsi dans l’exemple choisi, un pays est en avance (productivité supérieure) dans la fabrication des deux produits : c’est le Portugal que ce soit pour le vin ou pour le drap. L’Angleterre pour faire du drap ou du vin utilise plus de main-d’œuvre. Ont-ils intérêt à se spécialiser et à échanger ?

La réponse de Ricardo est que l’Angleterre a intérêt à ne produire que du drap (2y). Elle utilisera alors 200 hommes (au lieu de 220). Le Portugal a intérêt à ne produire que du vin (2x) qui emploieront 160 hommes (au lieu de 170). On voit donc que chaque pays est gagnant en échangeant son surplus.

Ceci justifie la spécialisation de chacun, celui qui est en avance là où son avance est la plus importante, celui en retard là où son retard est le moins grand. Avec l’économie de main-d’œuvre réalisée, chaque pays peut produire d’autres biens. La production globale augmente donc.

C. Les critiques de la théorie ricardienne

Les hypothèses peuvent être remises en question.

Cette théorie est un plaidoyer pour le libre-échange mais qui suppose :

  • des facteurs de production immobiles en contradiction avec les IDE (investissements directs à l’étranger) aujourd’hui
  • une situation de concurrence pure et parfaite démentie par les pseudo-monopoles de nos jours (exemple de Microsoft pour l’accès à Internet)
  • des rendements constants. Or actuellement la compétitivité est fondée sur des productions à grande échelle d’où les mouvements de concentration des entreprises

La réalité des faits dément la théorie.

En effet, la théorie justifie les échanges entre des pays dont les niveaux de productivité sont différents. Mais la plus grande partie du commerce mondial est réalisée par des pays de même niveau de productivité. Au contraire, plus les pays sont proches économiquement, plus les échanges s’intensifient.

Le tiers des échanges mondiaux sont intra-firmes au sein des multinationales. Là, les avantages comparatifs ne comptent pas puisque ces échanges échappent souvent aux règles du marché.

Ricardo a pris un exemple de commerce inter-branches mais les échanges entre pays développés portent sur des produits similaires (intra-branches).

Dans la réalité, il n’est pas évident que tous les pays participant à l’échange soient gagnants. Pour certains, échanger signifiera sacrifier des industries fragiles et non encore compétitives qui ne pourront jamais se développer.

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