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L'illusion comique

1:Introduction

« Voici un étrange monstre, dit Corneille en sa dédicace. Le premier acte n’est qu’un prologue ; les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie : et tout cela, cousu ensemble, fait une comédie. Qu’on en nomme l’invention bizarre et extravagante tant qu’on voudra, elle est nouvelle. »

2:Argument

Le triste Pridamant, à la recherche de Clindor qui a fui les rigueurs du foyer paternel, s’adresse à Alcandre. Ce magicien en sa grotte, d’un coup de baguette magique, retrace aux yeux du père l’existence du fils. Clindor s’est engagé au service de Matamore, soldat fanfaron. Il courtise Isabelle que Géronte, son père, veut marier à Adraste. Au cours d’un duel entre les deux rivaux, Clindor semble en grand danger. En réalité, il réussit à tuer Adraste, mais il est mis en prison. Isabelle et Lyse, la suivante, favorisent son évasion. Enfin, Clindor, devenu favori d’un roi, est un jour tué par des domestiques. Pridamant, abattu, apprend alors l’illusion qui l’abusait : Clindor jouait un rôle sur la scène ; tout cela n’est que comédie.

3:Analyse

Voici, quoi qu’il en soit, une pièce baroque*. La comédie d’intrigue côtoie la pastorale*. Il s’y trouve des duels, poursuites et procédés romanesques*. Matamore, qui depuis son succès est devenu un nom commun, sort tout droit de la comédie latine de Plaute et de la farce à l’italienne. La composition d’ensemble rappelle le théâtre espagnol ou la comédie élisabéthaine en Angleterre. Tout cela donne une étrange et savoureuse mixture. Par une curieuse mise en abîme, ce procédé d’enchâssement, le dramaturge met en scène le théâtre dans le théâtre. Il fait voir quelle féconde illusion fait le théâtre, miroir du monde, mensonge poétique. À Pridamant qui se plaint du métier de son fils, Corneille, par la bouche du mage, propose une vibrante apologie de la comédie et des comédiens : « Cessez de vous en plaindre. À présent le théâtre/ Est en un point si haut que chacun l’idolâtre. »

Cette Illusion comique, fort applaudie en son temps, fut, comme tant d’œuvres baroques*, négligée, oubliée ou méprisée par le goût classique, mais ces dernières décennies ont permis d’en redécouvrir les charmes singuliers.

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