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François Mauriac

Vie et oeuvre

Ma jeunesse n’a été qu’un long suicide.

Pour comprendre l’œuvre et la carrière de François Mauriac, que l’on sache seulement quelle profonde et durable empreinte a laissé sur lui le milieu bourgeois, provincial et catholique qui fut le sien, dès l’enfance. Bientôt orphelin, il fut élevé par sa mère dans un climat de piété austère et rigoureuse. Ayant obtenu une licence de lettres, il quitte son Bordelais natal, et s’installe à Paris, où il découvre le catholicisme social du « Sillon ».

Sa première œuvre est un recueil de poèmes, Les Mains jointes, en 1909. Suivent encore Adieu à l’adolescence et Orages, puis il se tourne vers le roman, sans pour autant renoncer à cette angoisse religieuse qui hante toutes ses œuvres. Ses premiers romans, L’Enfant chargé de chaînes (1912), La Robe prétexte (1914) Le Baiser au lépreux (1922), mettent en scène la lutte que se livrent la chair et l’esprit dans des êtres torturés. Cette manière d’évoquer la misère de l’homme sans Dieu, et son angoisse métaphysique*, n’est pas sans rappeler le jansénisme* de Pascal.

L’obsession du péché et du remords est désormais le climat moral ordinaire des romans de Mauriac. Certains de ses personnages sont trop enfoncés dans la médiocrité aveugle de l’existence quotidienne pour être sensibles à la lumière de Dieu. Mais les autres tentent d’échapper à la concupiscence ou au mal en général. Ce combat pathétique, dramatique ou tragique n’aboutit pas toujours. Le Désert de l’amour (1925) et Thérèse Desqueyroux (1927) n’offrent guère de perspective de transcendance. À peine cette jeune femme peut-elle comprendre les mobiles qui l’ont poussée à désirer la mort de son époux. En revanche, la vieille mère despotique de Genitrix (1923), le narrateur égoïste et cruel du Nœud de vipères (1932), et le héros crapuleux des Anges noirs (1936), semblent finalement touchés par la grâce, au soir de leur existence.

Mauriac s’intéresse au cœur de l’homme, dont il analyse les passions et les troubles, parfois dès l’enfance ; il est souvent tentant, parfois permis, de reconnaître dans ces héros quelques-uns des traits de sa jeunesse, ou du moins de son milieu : Le Mystère Frontenac (1933), Le Sagouin (1951), L’Agneau (1954), Un adolescent d’autrefois (1969), et à partir de 1959, les Mémoires intérieurs retracent le parcours de l’écrivain.

Ce parcours est celui d’un humaniste chrétien, soucieux de justice, que l’Académie française en 1933 et le comité du prix Nobel en 1952 ont voulu récompenser.

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