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La Révolution : l'Europe transformée par la France

Introduction

Les révolutionnaires, croyant à l'universalité de leur cause, veulent répandre en Europe leurs idées. De l'autre côté des frontières, les régimes absolutistes ne veulent pas que les idées révolutionnaires se propagent : ils veulent même abattre la Révolution pour montrer qu'elle était vouée à l'échec.

1 La France conquérante

1.1 Le pacifisme des débuts de la Révolution est vite débordé.

Robespierre, dès 1790, annonce que la France ne veut agresser aucune nation : elle veut vivre en toute fraternité avec les peuples qui l'entourent. La Constitution de 1791 reprend ce principe : " La France renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes ". Mais, en même temps, en affirmant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les révolutionnaires bousculent les règles des relations internationales. En septembre 1791, l'Assemblée vote le rattachement à la France du Comtat Venaissin après que les habitants en aient exprimé le désir. Ces initiatives suscitent des tensions dans les régions où les patriotes combattent pour la liberté et inquiètent les souverains voisins.

Le 20 avril 1792, les députés votent la guerre contre le roi de Bohème et de Hongrie. Ils appellent au soulèvement des peuples asservis. Seul Robespierre est hostile à la guerre et prononce le fameux discours du Club des Jacobins dans lequel il rappelle que " personne n'aime les missionnaires armés ". Déjà il pressent que la Révolution basculera dans une dictature césarienne.

1.2 La guerre, interminable

Les députés se chargent de préciser les raisons de la guerre. En effet, après avoir été défensive, la guerre se déplace vers les pays étrangers. Les soldats français entrent en libérateurs dans les Pays-Bas autrichiens et occupent une partie de la rive gauche du Rhin. Ils pénètrent en Savoie et à Nice. Après avoir " apporté secours à tous les peuples ", la République se lance dans des conquêtes avec objectif de donner à la France des frontières naturelles. Ce qui provoque immédiatement la réaction des souverains européens qui, en février 1793 forment la première coalition : l'Europe entière est unie contre la France. En quelques mois, la France reperd tous les territoires occupés.

La guerre reprend de plus belle en 1794 avec les levées en masse successives. La Belgique est reprise et annexée en 1795. Et les Français ne s'arrêtent pas au Rhin : ils envahissent les Provinces Unies. Dans les régions frontières, la Révolution crée des Républiques-Sœurs, tampons entre les grands Etats et la France.

Les grands principes de la Révolution sont bien loin ; les considération françaises sont bien plus égoïstes une fois les guerres gagnées. La France procède à des échanges avec les puissances : à Campio-Formio, suite à la campagne d'Italie, le Général Bonaparte négocie avec l'Autriche la reconnaissance de l'annexion de la Belgique contre la ville de Venise. Les Républiques-Sœurs doivent payer des impôts à la France au nom de la protection qu'elle leur apporte. Fin 1798, une deuxième coalition se forme associant Angleterre, Autriche, Russie et Empire Ottoman, qui oblige les Français à revoir leurs positions (d'autant que Bonaparte, le meilleur général de la Révolution, est en Egypte).

1.3 Vers une paix ?

Bonaparte revenu en France souhaite asseoir le Consulat sur une base solide. À peine au pouvoir, il quitte Paris pour l'Italie. Il n'y a pas un an qu'il est revenu d'Egypte, écrit Chateaubriand, et déjà il a franchi les Alpes et met en déroute les armées autrichiennes à Marengo le 14 juin 1800. La victoire rouvre les portes de l'offensive. Bonaparte marche sur Vienne lorsque les plénipotentiaires lui offrent la paix. Le 9 février 1801, l'Autriche est contrainte à signer la paix de Lunéville. L'annexion de la rive gauche du Rhin est reconnue, la République cisalpine italienne est agrandie et la France a le droit d'intervenir dans les affaires allemandes.

Pendant ce temps, Bonaparte signe la paix avec l'Angleterre à Amiens en 1802. C'est la fin de huit années de guerre ininterrompue entre l'Europe et la France révolutionnaire.

1.4 Napoléon et l'Europe

Les ambitions françaises s'affirment à nouveau. En 1802, le Piémont est rattaché à la France qui compte alors 120 départements. Le Premier Consul se fait donner la présidence de la République italienne. Les petits Etats sont réduits au rang de protectorats. En 1803, Bonaparte devient médiateur de la Confédération helvétique. Les Etats allemands passent sous influence française. Bonaparte renforce les Etats de taille moyenne et s'en fait des amis. Un glacis allié le sépare désormais de l'Autriche et de la Prusse.

En 1803, c'est l'Angleterre qui rompt la paix, inquiète du renforcement de la puissance française. Les intérêts commerciaux dictent une troisième coalition entre elle, l'Autriche et la Russie. Défaite sur mer par l'Angleterre à Trafalgar le 21 octobre 1805, la France se retourne contre l'Autriche et la Grande Armée réunie à Calais se dirige à marche forcée sur Vienne. Après avoir parcouru plus de mille kilomètres, hors de ses frontières et face à des forces plus imposantes, l'armée française remporte à Austerlitz (2 décembre 1805) le jour anniversaire du Sacre de l'empereur une éclatante victoire sur les Austro-russes. Le Saint Empire romain germanique a vécu et Napoléon devient protecteur de la Confédération du Rhin.

Contre une quatrième coalition, Napoléon écrase la Prusse à Iéna et Auerstaedt et traverse Berlin : chaque jour d'octobre 1806, une garnison prussienne se rend à la seule vue du drapeau français. À Eylau et Friedland, Napoléon vainc le tsar de Russie et l'oblige à signer la paix de Tilsit. La Westphalie, la Saxe et la Pologne entrent dans la Confédération du Rhin. France compte désormais 122 départements et des Etats vassaux lui paient un tribut et lui fournissent des contingents militaires.

L'empereur, lui-même roi d'Italie et protecteur des Confédérations helvétique et du Rhin, place les membres de sa famille à la tête des autres Etats (bien peu se révèleront à sa hauteur). À la fin de 1807, la mainmise française sur le continent semble solide. Seule la Grande-Bretagne est toujours en guerre, mais maîtresse des mers.

1.5 Le Blocus continental et l'apogée de l'Empire

Pour abattre la Grande-Bretagne, napoléon interdit à l'Europe de commercer avec elle. C'est le Blocus continental. Pour l'appliquer réellement, Napoléon est obligé d'intervenir au Portugal. Mais son passage en Espagne et sa volonté de placer son frère Joseph sur le trône se passent mal. En 1808, les Espagnols se soulèvent et l'armée française s'épuise à lutter contre une guérilla sans fin.

L'Autriche est battue une nouvelle fois à Wagram en 1809. Et au début de 1812, l'Empire est à son apogée. Il a 44 millions d'habitants, la France compte 130 départements. Quarante autres millions d'habitants se trouvent dans des Etats vassaux. Le tsar est allié à Napoléon. Lequel a épousé Marie-Louise fille de l'empereur d'Autriche. Son fils qui naît en 1811 est fait roi de Rome. L'Empire semble bien assis sur ses bases et une dynastie pourrait naître de Napoléon.

1.6 L'héritage français en Europe

Partout où ils sont passés, les Français ont abattu l'Ancien Régime. Les patriotes européens les ont d'abord accueillis à bras ouverts, comme des libérateurs. Les administrations des territoires occupés sont réorganisées avec un débat démocratique dans un souci d'efficacité. Onze des treize Républiques-Sœurs se dotent d'une constitution.

La féodalité est abolie ainsi que les privilèges (sauf en Allemagne où Napoléon doit ménager les princes). L'égalité entre les citoyens est garantie. L'Etat est laïcisé et un Code Civil promulgué.

Toutefois, la domination française coûte cher à la fois en argent et en hommes recrutés par l'armée des vingt nations. C'est en Espagne en particulier que les soulèvements sont profonds. Les paysans prennent les armes et sont fanatisés par le clergé qui présente Napoléon comme une réincarnation du diable.

Aussi, après la chute de l'empire, les acquis sont conservés. Il n'y a pas de retour en arrière. Le modèle français, rationnel et scientifique s'est imposé irréversiblement. Les Français ont éveillé l'espoir chez les peuples, espoir qui ne s'éteindra pas.

Les identités italienne et allemande ont pris forme et se réaliseront en Etats au cours du siècle au détriment, entre autres, de la France !

1.7 La chute de l'Aigle

En 1812, l'empereur se lance dans une aventure sans issue en attaquant la Russie. Certes, il campe à Moscou au Kremlin mais le retour est catastrophique. L'Empire ne se relèvera plus. La campagne de Russie, marquée par le passage de la Berezina, se prolonge en campagne d'Allemagne : sur le chemin de la retraite, les peuples se soulèvent et anéantissent l'armée des conscrits de 1813 à Leipzig (Bataille des Nations, 18 octobre 1813). La campagne de France révèle une nouvelle fois le génie militaire de Napoléon mais l'Empire est trop affaibli pour contenir la marée ennemie qui s'avance sur Paris. En 1814, la bataille est perdue et l'empereur abdique. Il est conduit à l'île d'Elbe.

Tenu informé de la situation en France, il se rend compte que la Restauration est impopulaire. Le 1er mars 1815, il débarque au Golfe Juan et réalise l'exploit de rentrer à Paris sans qu'un coup de feu ne soit tiré. Louis XVIII s'enfuit. Napoléon rétablit l'Empire sous une forme plus libérale. Il fait appel au peuple. Mais déjà il est trop tard, l'Anglais est en marche vers les frontières française. L'incapacité de Grouchy provoque une panique inconnue aux armées napoléoniennes. Waterloo marque la chute définitive de l'empereur le 18 juin 1815. L'expérience aura duré Cent Jours.

Napoléon est emmené à Sainte Hélène par les Anglais où il y restera prisonnier jusqu'à sa mort en 1821. Mais avec la disparition de l'Empire naît la légende. Une légende dorée dans laquelle les générations romantiques mettront tous leurs espoirs et qui permettra au Second Empire de voir le jour.

2 Chronologie des batailles de la Révolution

  • 1ère coalition : Autriche, Prusse, Angleterre, Hollande, Espagne, Deux-Siciles, Portugal, Sardaigne, Eglise.
  • 20 septembre 1792 : Valmy, Kellermann bat les Prussiens de Brunswick au cri de " Vive la nation " et leur ferme la route de Paris ; Goethe s'écrie " En ce lieu et à cette heure, commence une ère nouvelle de l'histoire du monde. ".
  • 6 novembre 1792 : Jemmapes, Dumouriez bat les Autrichiens et pénètre en Belgique.
  • 1er juin 1794 : le Vengeur, bâtiment français, empêche les Anglais de capturer un convoi de 200 navires chargés de blé américain au large de Ouessant.
  • 26 juin 1794 : Fleurus, Jourdan bat l'Autriche.
  • 19 décembre 1794 : Toulon est repris aux Anglais grâce au capitaine Bonaparte.
  • 23 janvier 1795 : au Helder, un régiment de cavalerie français commandé par Pichegru s'empare de la flotte hollandaise bloquée dans les glaces.
  • 10 avril 1796 : Bonaparte attaque les Autrichiens et leurs alliés en Italie ; victoires le 12 à Montenotte, le 14 à Millesimo, le 15 à Dego, le 21 à Mondovi, le 10 mai à Lodi. Le 29 juin, il prend Milan et assiège Mantoue le 15 juillet. Le 5 août, il gagne à Castiglione, le 4 septembre à Roveredo, le 8 à Bassano, le 17 à Arcole. 16 janvier 1797 : Bonaparte vainc à Rivoli, le 2 février à Mantoue, le 16 mars à Tagliamento, le 24 au Travis. La route de l'Autriche est ouverte. Le 17 octobre, l'Autriche signe le traité de Campo-Formio avec Bonaparte.
  • 2ème coalition : Angleterre, Turquie, Naples et Sardaigne, Russie, Autriche, Portugal, Etats d'Afrique du Nord.
  • 21 juillet 1798 : victoire des Pyramides, Egypte, Bonaparte bat les Mamelouks ; à Aboukir, sa flotte est détruite le 1er août par Nelson (Anglais).

2.2 Célèbres batailles du consulat

  • 20 mai 1800 : de retour en France, Bonaparte franchit le Grand St Bernard.
  • 14 juin 1800 : Marengo, Bonaparte bat les Autrichiens de Mélas.
  • 9 février 1801 : traité de Lunéville avec l'Autriche.
  • 9 octobre 1802 : traité d'Amiens avec l'Angleterre.

2.3 Célèbres batailles de l'Empire

3ème coalition : Angleterre, Russie, Autriche.
  • 20 octobre 1805 : Napoléon fait capituler Mack et les Autrichiens à Ulm sans combats.
  • 21 octobre 1805 : défaite de Villeneuve à Trafalgar face à Nelson (Anglais).
  • 13 novembre 1805 : Napoléon traverse Vienne.
  • 2 décembre 1805 : Austerlitz ou bataille des Trois Empereurs, Napoléon (65 000 hommes) bat les Autrichiens et les Russes (90 000 hommes).
  • 26 décembre 1805 : traité de Presbourg avec l'Autriche.
4ème coalition : Angleterre, Prusse, Russie.
  • 14 octobre 1806 : Iéna, Napoléon (50 000 hommes) bat les Prussiens ; et Auerstaedt, Davout (26000 hommes) bat le roi de Prusse (70 000 hommes). Napoléon traverse Berlin.
  • 8 février 1807 : Eylau, Napoléon bat ce qui reste des Prussiens et les Russes.
  • 14 juin 1807 : Friedland, Napoléon (26 000 hommes) bat les Russes (70 000 hommes).
  • 7 juillet 1807 : traité de Tilsit avec la Russie.
  • 1808 : Col de Somosierra et Madrid, Napoléon bat les Espagnols.
5ème coalition : Angleterre, Autriche.
  • 22 avril 1809 : Eckmühl, Napoléon bat l'Autriche.
  • 23 avril 1809 : Ratisbonne, Napoléon bat l'Autriche.
  • 21 mai 1809 : Essling, indécise.
  • 6 juillet 1809 : Wagram, Napoléon bat les archiducs autrichiens.
  • 14 octobre 1809 : paix de Vienne avec l'Autriche.
6ème coalition : Angleterre, Russie.
  • 22 juin 1812 : Napoléon entre en Russie. 17 août 1812 : prise de Smolensk.
  • 7 septembre 1812 : Borodino ou la Moskova, Napoléon bat les Russes.
  • 14 septembre 1812 : prise de Moscou.
  • 10 octobre 1812 : Napoléon ordonne la retraite.
  • 25 novembre 1812 : passage de la Bérézina.
  • 30 décembre 1812 : la Prusse entre dans la coalition, campagne d'Allemagne.
  • 2 mai 1813 : Lützen, Napoléon bat les Prussiens.
  • 20 mai 1813 : Bautzen, Napoléon bat les Russes.
  • 11 août 1813 : l'Autriche entre dans la coalition.
  • 27 août 1813 : Dresde, Napoléon bat les Autrichiens, les Prussiens et les Russes.
  • 12 octobre 1813 : la Bavière entre dans la coalition tout comme la Suède.
  • 18 octobre 1813 : Leipzig ou bataille des Nations, la défection des Saxons perd Napoléon (185 000 hommes) contre 300 000 coalisés.
  • 15 novembre 1813 : la Hollande entre dans la coalition, campagne de France (50 000 hommes contre 350 000).
  • 27 janvier 1814 : St Dizier, Napoléon bat les Russes.
  • 10 février 1814 : Champaubert, Napoléon bat les Russes.
  • 11 février 1814 : Montmirail, Napoléon bat les Russes.
  • 19 mars 1814 : Arcis-sur-Aube, Napoléon (28 000 hommes) est battu par 80 000 hommes, défaite décisive, la route de Paris est libre.
7ème coalition : Russie, Autriche, Prusse, Angleterre, Hollande.
  • 18 juin 1815 : Waterloo, Napoléon (74 000 hommes), privé de Grouchy, est battu par Wellington (77 000 hommes) et Blücher (88 000 hommes).
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