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Illuminations

Résumé et commentaires

Rien de si mystérieux que les Illuminations d’Arthur Rimbaud. Publiées en 1886, sans doute écrites après Une saison en enfer, mais ce n’est pas absolument sûr, ces Illuminations désignent, selon Verlaine, des enluminures, des illustrations. Ces poèmes en prose ou en vers libres semblent l’aboutissement déconcertant de la recherche poétique de leur auteur.

L’hermétisme de ce recueil ésotérique* pose la délicate question du sens caché, ou bien absent, des poèmes qui le composent. L’exégèse savante, dont la mission consiste à éclairer les allusions et significations obscures, est bien souvent tenue en échec. Certaines séquences ont la luminosité enthousiaste du poème « Aube », dont les étrangetés s’expliquent assez bien par le caractère onirique du texte. Mais bien souvent, la compréhension est plus difficile. La « Parade » évoquée par l’auteur dans le poème du même nom, par exemple, est-elle une parade de foire, une parade militaire ou une parade catholique ? Les interprétations divergent. Or Rimbaud affirme à la fin du poème : « J’ai seul la clef de cette parade sauvage. »

Parfois même, le sens semble absolument inexistant. Les « églogues* en sabots grognant dans le verger » évoquées dans « Après le déluge » valent bien les meilleures des perles surréalistes. Il semble que Rimbaud juxtapose selon la beauté des rencontres fortuites des images éparses dont l’improbable connexion logique a été savamment gommée. En réalité, le sens, présent ou non, s’efface derrière la beauté plastique des images auxquelles renvoie le titre, et dont le langage nouveau tente de rendre compte, de manière non pas logique, mais symbolique. Ces fantasmagories semblent l’aboutissement poétique de la Lettre du voyant. Ce que l’esprit ne peut comprendre, les yeux peuvent le voir.

Les Illuminations chantent les villes et les métamorphoses, la déraison et la magie du verbe. Parmi les « Phrases » du poète, en voici une mystérieuse : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse. » Rimbaud tisse des liens de fête entre les mondes, et nous invite à ce ballet de fées…

« Ce n’est pas une philosophie, conclut Aragon pour définir le rimbaldisme. C’est un ciel. Chacun s’en arrange, il n’a qu’à lever les yeux pour être ébloui. »

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