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Julien Green

Résumé et commentaires

Julien Green grandit aux États-Unis, dans une famille de la bourgeoisie protestante, dont l’enseignement puritain s’oppose manifestement aux premières passions homosexuelles du jeune adolescent, qu’il raconte dans ses récits autobiographiques : Partir avant le jour (1963), Mille Chemins ouverts (1964), Terre lointaine (1966), Jeunesse et liberté (1974). Cette contradiction entre la chair et l’esprit, le désir et le remords, le péché et la grâce, fera désormais le fonds de son expérience et la matière de ses œuvres.

Ses premiers romans, Mont-Cinère (1926), Adrienne Mesurat (1927), Léviathan (1928), rappellent un peu la manière de Mauriac : cadre provincial, passions brûlantes, tentations destructrices, atmosphères étouffantes. Dans les œuvres suivantes, L’Autre Sommeil (1931), Épaves (1932), Le Visionnaire (1934), Minuit (1936), l’angoisse s’approfondit, le réel sombre dans la nuit du cauchemar, du meurtre ou du suicide. Par une analyse psychologique minutieuse, l’auteur arrive à rendre les contours indécis des êtres veules ou fascinants qu’il met en scène.

Cette écriture tellement intense demande à s’épancher dans le fantastique* ou dans le mysticisme : Varouna (1940), Si j’étais vous (1947) et Moïra (1950) explorent en effet les limites du karma, de la réincarnation, de la rédemption, du Mal, et de la fatalité. L’homosexualité, plus d’une fois suggérée dans les romans précédents, est thématisée dans Le Malfaiteur (1956), dans la pièce de théâtre Sud (1953), et dans les récits autobiographiques déjà cités, où l’expérience de la différence paraît sous un jour déjà moins tragique.

Julien Green laisse à sa mort un Journal imposant, qui révèle quelques traits de l’écrivain, que ses romans précédents cependant laissaient quelque peu entrevoir. La tension et l’angoisse qui l’habitent cherchent à se résoudre dans l’écriture : « écrire est ma raison d’être sur terre. Ne pas écrire me tuerait. » Tourmenté, Julien Green écrit « pour celui qui est seul ». Il pénètre également « le mystique et le débauché », dont il révèle au fond l’égale recherche d’absolu. Le style dense et sombre, réaliste ou fantastique* de ses œuvres coïncide parfaitement avec son propos. Son œuvre, à tous égards remarquable, lui a valu d’être élu à l’Académie française en 1972.

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