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Jean Genet

Vie et oeuvre

Fils de personne, élevé à l’Assistance publique, Jean Genet est injustement accusé de vol, à l’âge de dix ans. Loin de le corriger, la Maison de correction détermine une carrière de délinquance où il s’enferre. L’homosexualité, la prostitution, le vol, sont pour lui des moyens de récuser l’hypocrisie du système social, et d’affirmer son irréductible différence. Ayant plus d’une fois connu la prison, il échappe de justesse à la relégation en 1948. Après la guerre, il ne manque pas de s’engager, souvent aux côtés de Michel Foucault, contre le racisme et pour la dignité des travailleurs immigrés et des prisonniers.

Genet a commencé sa carrière par la poésie : Le Condamné à mort (1942), Chant secret (1945). Mais sa célébrité tient essentiellement à son œuvre dramatique : Les Bonnes (1947), Haute Surveillance (1949), Le Balcon (1956), Les Nègres (1958), Les Paravents (1961). Il a aussi écrit de remarquables romans : Pompes funèbres (1944), Querelle de Brest (1944), Notre-Dame des Fleurs (1946), Miracle de la rose (1947), et un écrit autobiographique, le Journal du voleur (1949). Le parcours extraordinaire de Jean Genet a inspiré à Jean-Paul Sartre une étude considérable : Saint Genet, comédien et martyr (1952).

Les personnages de Genet sont en général des marginaux, des misérables, des vagabonds, des réprouvés, des souteneurs, des prostitué(e)s. Les héros mis en scène aspirent à la révolte, la transgression, la trahison, le vol, et même l’assassinat. Les prisons, les quartiers louches, des lieux clos ou interlopes servent de décor à ses œuvres. C’est une entreprise de subversion radicale, car l’écrivain entend exalter « ces humeurs bouleversantes, le sang, le sperme et les larmes ». Plus hardi encore que Rimbaud, Genet a manifestement passé plus d’une saison en enfer.

L’art de Jean Genet est une célébration de cet « envers du monde » qu’il transfigure. Sous sa plume de métamorphose, les loubards équivoques, Querelle, Mignon, Yeux-Verts, deviennent des mâles puissamment érotiques et d’envergure quasi mythique ; les bonnes prennent la place de leur maîtresse, les nègres, celle des blancs. La cérémonie de l’art exalte les « fastes de l’abjection », d’un style violent ou précieux, âpre et lyrique*. Au théâtre surtout, les rites liturgiques transforment les actes délictueux en mystères délicieux. Le mal et la mort flamboient d’une sombre lumière, jusqu’alors ignorée.

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