Fiches de Cours > Lycée > Français > L’immoraliste

L’immoraliste

Résumé et commentaires

L’Immoraliste occupe une place importante dans l’œuvre et dans la vie d’André Gide. C’est en effet le premier d’une suite de récits, dont la veine, plus ou moins autobiographique, se prolonge dans Si le grain ne meurt, dans Les Faux-Monnayeurs même, et surtout dans le Journal. Mais s’il annonce les œuvres à venir, en revanche, L’Immoraliste semble une critique des idées exaltées autrefois par l’auteur dans Les Nourritures terrestres : la passion de l’individualisme est désormais remise en cause.

Michel rassemble un jour trois de ses amis, pour leur faire une confession : ce jeune érudit, élevé dans un milieu austère, a épousé Marceline, mais il tombe malade. Un voyage de convalescence en Afrique lui donne l’occasion de découvrir les plaisirs sensuels d’une nature généreuse, et de se dépouiller de tout conformisme inutile. Grâce aux bons soins de Marceline, et à cette nouvelle existence, il recouvre peu à peu la santé. En revanche, Marceline, elle, dépérit. Il ne fait rien pour la sauver de ce climat funeste pour elle, et elle finit par mourir.

La question morale que pose le récit est celle de la liberté, et de son prix. En effet, la liberté que conquiert Michel coûte la vie, en somme, à son épouse, et il en est conscient. Et pourtant cette libération n’en est pas moins salutaire pour lui. Ce séjour lui redonne vie, et comme le Nathanaël des Nourritures, Michel retrouve la ferveur et le plaisir, auprès de ces jeunes arabes sensuels qu’il fréquente. Mais en menant une vie pleine, il sacrifie celle d’autrui. L’individualisme du héros devient un égoïsme, dont il se repent, apparemment. La sincérité totale et émouvante de cette confession sans fard peut-elle racheter quelque peu les excès d’un hédonisme* outrancier et coupable ?

La question artistique ici posée est celle du style adéquat en cette circonstance. Parfois, Michel cède au lyrisme, pour évoquer les oasis et la beauté nubile des jeunes gens qui l’attirent. Lorsqu’il évoque au contraire les raideurs de la société parisienne, il se montre plus satirique. Contrairement à Rousseau, il ne cherche pas à se justifier à tout prix, et il se refuse aux facilités du pathos et de la rhétorique*, qui pourraient aisément susciter la pitié et l’indulgence à son égard. La lucidité rigoureuse et sincère du héros qui s’interroge face à la conscience d’autrui requiert le « dénuement » et la sobriété d’un style classique, et il s’y tient en général, sans bassesse ni arrogance, mais avec simplicité.

xs
sm
md
lg