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Gérard de Nerval

Gérard de Nerval, de son vrai nom, Gérard Labrunie, naît à Paris en 1808, et grandit dans ce Valois enchanteur qui sert souvent de cadre à ses récits. À Paris, il rencontre Théophile Gautier, et fréquente la bohème littéraire et romantique de ce temps. Il est fasciné par la littérature allemande, traduit le Faust de Goethe, et imite Hoffmann dans son conte fantastique*, « La Main de gloire ». Après ses Elégies et Odelettes, il part pour l’Italie. De retour à Paris, il tombe amoureux de l’actrice Jenny Colon, qui épouse un musicien. Cette passion malheureuse a confirmé Nerval dans sa quête désespérée de l’éternel féminin. Les troubles nerveux et l’inspiration poétique de l’auteur sont également amplifiés par la mort de la jeune femme en 1842.

Cette même année, il effectue un grand voyage en Orient, qui inspirera le récit du même nom. Il visite successivement la Grèce, l’Égypte, le Liban, et Constantinople, qui lui donnent l’occasion de s’informer sur les mythologies et les cultes antiques, et il s’intéresse par ailleurs aux doctrines occultes des Illuminés du xviiie siècle. Il collabore à plusieurs projets littéraires, dans les intermittences de santé et de lucidité que lui laissent ses crises de plus en plus nombreuses. Son état nécessite plus d’une fois l’internement. Il rédige cependant les contes et nouvelles qui constituent Les Filles du feu, et les sonnets* des Chimères de 1854. L’année suivante, atteint apparemment de folie suicidaire, il est un jour retrouvé pendu à une grille.

L’œuvre de Gérard de Nerval est une aventure spirituelle et mystique que la pathologie mentale nimbe d’une aura particulière pour ses lecteurs. Sous des noms divers, Aurélia, Sylvie, Jemmy, Octavie, Émilie... il cherche à retrouver les souriantes jeunes filles qu’il a connues, mais les souvenirs autobiographiques se confondent dans une atmosphère bien souvent onirique. Les joies galantes tournent à l’obsession, et le voyageur érudit des Filles du feu construit une mythologie de la femme, amante, mère, Vierge et déesse, tout empreinte de mysticisme oriental, de délire poétique et de correspondances symboliques. Nerval, poète maudit, préfigure en cela Baudelaire, Mallarmé et les poètes surréalistes ; il est le « Desdichado » :

Je suis le ténébreux, – le veuf, – l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

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