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Emile Zola

1:Vie

Émile Zola est le fils d’un ingénieur italien naturalisé. Après la mort de son père, la famille se retrouve sans grandes ressources. À Aix, il a pour camarade de classe Paul Cézanne, qui reste son ami. À Paris, il doit travailler dans une librairie, et il s’introduit progressivement dans le monde du journalisme. Il rédige des articles de toutes sortes, de la critique d’art à la chronique d’actualité. D’abord attiré par le romantisme, notamment par Hugo, il évolue rapidement vers le réalisme.

À partir de 1868, il conçoit le plan des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. Vingt volumes en vingt ans à peu près. Dès le début du projet, sa doctrine littéraire est formée, c’est le naturalisme. Il apparaît comme le chef de file du mouvement. Autour de lui, dans sa villa de Médan, se rassemblent Maupassant, Huysmans, et quelques autres. Ils publient en 1880 Les Soirées de Médan, dont la préface se présente comme un manifeste de la nouvelle doctrine. Zola précise encore ses théories dans Le Roman expérimental, Le Naturalisme au théâtre et Les Romanciers naturalistes.

Suivant la logique de ses œuvres, Zola conçoit la nécessité de s’engager sur les questions sociales et politiques. Il publie en 1898 un brûlot intitulé « J’accuse ». Il accuse en effet l’antisémitisme des autorités militaires, politiques et morales, qui ont injustement condamné le capitaine Dreyfus. Son engagement dans « l’Affaire » fait de lui le premier « intellectuel » du siècle. Mais il doit fuir la condamnation prononcée contre lui. Il publie encore le cycle humanitaire inachevé des Quatre Évangiles, Fécondité, Travail, Vérité et Justice. Il meurt accidentellement en 1902. Six ans plus tard, ses cendres sont transférées au Panthéon.

2:Zola et le naturalisme

Le naturalisme est en quelque sorte un réalisme scientifique et systématisé. Zola analyse la société à la lumière des théories de Darwin sur les lois de la sélection naturelle, et de la doctrine de Taine sur l’influence des milieux. Par ailleurs, il retient de Claude Bernard la méthode dite expérimentale, qu’il prétend appliquer au roman : « Le romancier, dit-il, est fait d’un observateur et d’un expérimentateur. » Il s’agit pour Zola de mettre en évidence les déterminismes* biologiques ou sociologiques qui conditionnent les comportements humains. L’homme n’est pas un pur et libre esprit. Il est agi par la mécanique des organes de son corps et des rouages de la société.

Chez Zola, cette volonté de mettre en évidence la fatalité biologique et sociale le conduit à décliner dans la famille Rougon-Macquart les ravages d’une fêlure héréditaire sous le Second Empire, selon les milieux divers. Il n’hésite pas à mettre en scène les immondices de la société, puisqu’elles existent : meurtres, viols, misères, cruautés, tout s’y retrouve. Les contemporains de Zola, qui ne comprenaient pas toujours la portée de son art, ont souvent critiqué cette complaisance dans la noirceur, ce que Nietzsche appelait « le plaisir de puer ».

3:L'art du roman

Vingt romans, de 1871 à 1893, mille deux cents personnages, plusieurs centaines de milliers d’exemplaires vendus au total, une renommée internationale : Les Rougon-Macquart sont une énorme et superbe machine. À cette ampleur se mesure la puissance de l’auteur. Dans sa volonté de totalité, il veut embrasser d’un coup la société entière : le monde de la finance dans La Curée, les Halles dans Le Ventre de Paris, le clergé dans La Faute de l’abbé Mouret, les politiciens dans Son Excellence Eugène Rougon, les ouvriers dans L’Assommoir, les artistes dans L’Œuvre, les paysans dans La Terre, etc. Cet ensemble est comparable en cela à La Comédie humaine de Balzac. Mais l’univers que décrit Zola est analysé de manière systématique selon la doctrine naturaliste.

En réalité, Zola va au-delà de sa propre doctrine dans ses romans. L’enquête journalistique et l’observation scientifique donnent lieu à une poésie épique*, qui fait la grandeur et la splendeur de l’ensemble. L’échec de la méthode scientifique fait le triomphe de l’art. À travers la société en marche, Zola voit de grandes forces à l’œuvre : l’Argent, l’Instinct. Il construit ainsi une myhthologie moderne et dynamique, où les objets trouvent leur place symbolique et monstrueuse : l’alambic dans L’Assommoir, la locomotive dans La Bête humaine. Malgré leur fêlure, les héros, de génération en génération, sont portés par une énergie de Titan, celle de l’auteur, qui les conduit infailliblement jusqu’à leur destin final.

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