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Bernardin Saint-Pierre

Vie et oeuvre

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre n’a cessé de voyager : la Martinique, dès douze ans, Malte, la Russie, la Pologne, l’Allemagne, l’Isle de France (aujourd’hui île Maurice). Cet ingénieur aventurier rêve de fonder une république idéale, et son goût de la nature et de la rêverie le rapproche de Rousseau, dont il devient l’ami et le disciple. En 1795, il devient membre de l’Institut. Ses principaux ouvrages sont le Voyage à l’Isle de France (1773), Études de la Nature (1784), Paul et Virginie (1788), Harmonies de la Nature (1796).

Dans ses Études et Harmonies de la nature, Bernardin de Saint-Pierre se veut savant et philosophe : il échoue dans l’un et l’autre cas. Il tente d’expliquer l’organisation providentielle et divine de la nature, mais le meilleur de l’ouvrage réside encore dans la description des beautés de la nature

Mais l’œuvre qui lui vaut d’être passé à la postérité est Paul et Virginie. Deux jeunes femmes, également abandonnées, vivent dans un coin reculé de l’Île de France, s’épaulant mutuellement. Elles élèvent comme frère et sœur Paul et Virginie, qui grandissent ensemble, et finissent par ressentir les premiers signes de l’amour. Mais une riche et vieille tante appelle à ses côtés Virginie, qui doit se rendre en France, au désespoir des jeunes gens. Mal à l’aise dans ce monde nouveau, la jeune fille retourne enfin, mais pris dans la tempête, le vaisseau qui la ramène fait naufrage. Elle sombre dans les flots, bientôt suivie dans la mort par Paul accablé de chagrin, puis par les deux femmes.

Le récit est une sorte de bergerie* tropicale, une pastorale* exotique, qui raconte les amours enfantines, pures et quasi incestueuses des deux héros. Les paysages somptueux offrent aux sentiments un cadre poétique et idéal. Les éléments de romanesque* soutiennent l’intérêt : les malheurs passés des deux mères, le bonheur des enfants, la naissance de l’amour, la séparation, le voyage, les lettres, le naufrage, la mort. L’utopie au sein de l’île et de la nature est brisée par la société, et par les préjugés d’une mère, qui cède aux funestes sirènes de la civilisation, faisant ainsi le malheur de sa fille. Alors, l’idylle finit en tragédie, donnant la mesure du pessimisme de l’auteur. Le charme exotique et tragique de l’histoire, entre Rousseau et Chateaubriand, fait de l’œuvre un mythe qui exhausse ces héros au panthéon des amants malheureux, à l’instar de Tristan et Yseult, Roméo et Juliette.

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