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Albert Camus

1:Une jeunesse ardente

Albert Camus naît en Algérie, près de Constantine, dans une famille très modeste. Après cette enfance « de pauvreté et de lumière », il suit des études de philosophie. Marqué par la tuberculose, Albert Camus n’en est pas moins un jeune homme ardent, passionné de football, et surtout de natation. Il se marie à vingt ans, divorce deux ans plus tard, combat le fascisme dès 1933, et s’engage au Parti communiste, qu’il quitte peu après. Il fait du théâtre, du journalisme, lutte pour l’émancipations des Arabes, et publie en 1937 L’Envers et l’endroit, où il affirme : « il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. » L’année suivante, il publie les quatre récits de Noces, inspirés par une même veine lyrique* de soleil et d’angoisse.

2:Albert Camus, l'étranger ?

Vient la guerre. Camus s’engage dans la Résistance, et fonde le journal Combat. L’expérience de la misère du monde et de l’injustice le frappe cruellement. La condition humaine lui semble une pitoyable tragédie. En 1942, il tient prêtes trois œuvres fondamentales, qui forment le « cycle de l’absurde » : L’Étranger, Caligula, Le Mythe de Sisyphe. Sous ces trois formes, le roman, le théâtre, l’essai, il décline une même et douloureuse impression. Meursault est le héros contemporain de l’absurde, Caligula en est la figure historique, Sisyphe, le modèle mythologique.

Meursault, l’étranger du roman, est un être apparemment impénétrable et insensible. Le hasard, les circonstances, le poussent un jour à tirer sur un homme, et il est condamné à mort par un tribunal en effet incapable de comprendre ses mobiles. Caligula, l’empereur romain, ayant perdu sa bien-aimée Drusilla, comprend que « les hommes meurent et ne sont pas heureux ». Il pousse alors jusqu’au bout la logique criminelle du destin qu’il prétend incarner désormais. Enfin, dans Le Mythe de Sisyphe, prenant acte du « divorce » entre l’homme et l’univers, Camus pose la question radicale du suicide, peut-être la seule solution à notre condition humaine désespérée. Mais en réalité, le suicide supprime le problème sans le résoudre. L’homme doit affronter sa condition absurde, telle qu’elle est, et, comme Sisyphe, le héros mythologique condamné par les dieux, rouler éternellement la pierre du destin : « il faut imaginer Sisyphe heureux ».

3:Albert Camus, l'homme révolté ?

Mais Camus ne veut pas en rester là. Il entend dépasser l’absurde, et il conçoit le « cycle de la révolte » : La Peste (1947), Les Justes (1949), L’Homme révolté (1951). Face à la peste qui s’abat sur Oran, l’auteur célèbre l’humilité active et dévouée du docteur Rieux et de ses amis, qui tentent de sauver la ville en détresse. Les Justes sont des révolutionnaires terroristes russes du début de ce siècle : « Je suis entré dans la révolution parce que j’aime la vie », dit Kaliayev à Stepan, qui lui répond : « Je n’aime pas la vie, mais la justice qui est au-dessus de la vie. »

Dans L’Homme révolté, l’auteur clarifie encore ses positions sur la nécessité, la légitimité et les limites de la révolte dont il parle. Il dit oui à la révolte, mais non à la révolution, ou à toute exaltation terroriste ou nihiliste*. Il critique l’« intempérance d’absolu », et met en avant « la Pensée de midi » qui reconnaît une « valeur médiatrice », modérée, et peut-être médiocre, aux yeux d’un Sartre plus intransigeant, qui rompt avec Camus à cette occasion. La position intermédiaire et inconfortable de Camus apparaît encore pendant la guerre d’Algérie, partagé qu’il est entre la conscience de l’injustice faite aux Arabes et la nostalgie d’une Algérie française, qui fut sa terre natale.

4:La chute d'Albert Camus

Les dernières œuvres de Camus manifestent le malaise d’un homme qui n’arrive pas tout à fait à se mettre d’accord avec lui-même. Son humanisme sincère et radical peut-il s’accommoder de la morale bourgeoise du confort ? Les récits qui composent L’Exil et le Royaume trahissent une pensée divisée. Le désir de fusion avec le monde aboutit le plus souvent à une sorte de fission intérieure, et on ne sait plus si l’auteur, à l’instar de l’un de ses héros, est « solitaire ou solidaire ». Mais La Chute, récit publié en 1956, révèle plus encore le trouble de Camus. Clamence est est un avocat égaré, dont le long monologue révèle l’âme torturée. La bonne conscience qui fut longtemps la sienne est depuis longtemps entamée, et il ne croit plus à grand chose : « Chaque homme, dit-il, témoigne du crime de tous les autres, voilà ma foi, et mon espérance. » Sur ce sombre constat s’achève l’œuvre de Camus. Un accident de voiture devait lui coûter la vie, et il ne put apporter de solution définitive au drame existentiel qui transparaît en général dans ses écrits. D’un style souvent classique, parfois lyrique*, parfois plus sec, toujours humain, son œuvre fut couronné par le prix Nobel en 1957.

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