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Les politiques économiques et sociales

Introduction

Dans la fiche 6 nous avons vu que les imperfections du marché nécessitaient l'intervention de l'Etat, cependant cette intervention peut prendre des formes multiples et obéir à des motivations différentes. Selon Musgrave trois grandes fonctions incombent à l'Etat :

  • L'allocation, consistant à fournir des services non marchands (justice, défense, infrastructures, éducation, santé…)
  • La redistribution, consistant à fournir une protection contre les risques essentiels tout en corrigeant les inégalités engendrées par le marché(cf fiche 9)
  • La régulation et la stabilisation que nous allons étudier dans cette fiche au travers des politiques conjoncturelles et structurelles.

Quels sont les répercussions de ces différentes politiques sur l'activité économique ? L'Etat a-t-il les moyens de contrôler efficacement le marché ?

1 Politique économique et croissance

La politique économique se définit comme un ensemble de décisions cohérentes prises par les pouvoirs publics, et visant, à l'aide divers instruments, à atteindre des objectifs relatifs à la situation économique d'un pays et ce à plus ou moins long terme.

1.1 La politique économique

Pour atteindre des objectifs économiques et sociaux clairement définis, une politique économique dispose d'instruments (le budget, les taux d'intérêts …) et doit s'employer à influencer 5 cibles : la croissance du PIB, l'emploi, l'inflation, la stabilité du taux de change et l'équilibre de la balance du commerce extérieur. Pendant les Trente Glorieuses, on estime que le marché n'est pas en mesure de réaliser spontanément un équilibre macro-économique, l'Etat intervient donc pour optimiser et régulariser la croissance. Dans cette conception, la politique économique est surtout conjoncturelle et privilégie le plein-emploi, elle dispose de 2 instruments principaux : la politique budgétaire et la politique monétaire.

1.2 Les politiques conjoncturelles (1950/1973)

Les politiques économiques des trente glorieuses sont d'obédience keynésienne : les anticipations des entreprises sont à l'origine du niveau de l'emploi.

L'Etat a dans cette perpective pour objectif d'accroître le niveau d'activité ou de laisser supposer sa croissance. Par le jeu du multiplicateur, une dépense nouvelle d'investissement engendre un accroissement de revenu qui lui est supérieur.

Il s'ensuit une hausse de l'activité. Par ailleurs, le déficit budgétaire se voit légitimé.

Il doit en effet permettre d'atteindre la croissance potentielle et se résorber de lui même par un rendement de l'impôt supérieur( la croissance future finance la crise actuelle).

Il y a cependant des spécificités nationales : les années 60 aux Etats-Unis furent marquées par des politiques économiques visant à favoriser la croissance alors qu'en France la croissance très vigoureuse favorisant l'inflation et les déficits extérieurs conduisent à adopter des politiques de stabilisation.

1.3 Les dilemmes de la politique économique

  • L'inflation et le chômage : la courbe de Philipps met en évidence l'existence d'une relation statistique inverse entre l'inflation et le chômage, et cette relation statistique se vérifie bien jusqu'au milieu des années 60.
  • La dévaluation et l'équilibre extérieur: L'inflation mine la compétitivité des entreprises ce qui, combiné à une forte croissance creuse le déficit commercial. La dévaluation commerciale est une arme simple et efficace pour pallier ces problèmes de croissance non maîtrisée. Toutefois, elle conduit les entreprises à baser leur stratégie sur une compétitivité prix. D'où le risque d'un certain amoindrissement de innovation technologique et in fine de perte de vitesse.
  • La fin des arbitrages: La décennie 70 se caractérise par la coexistence d'un fort niveau de chômage et d'inflation (c'est la stagflation), la courbe de Phillips est remise en cause par les monétaristes. De plus, la dévaluation présente des effets pervers : elle augmente d'autant plus le coût des importations que celles ci sont incompressibles (courbe en J). L'efficacité perdue des politiques de relance au début des années 80 conduit à leur abandon progressif.

2 Politique économique sous contrainte

Au cours des années 70, les politiques d'inspiration Keynésienne échouent et l'interdépendance des économies réduit les marges de manœuvre. La priorité donnée à la désinflation renforce l'importance.

2.1 Le retour des politiques monétaires

1.La remise en cause des politiques budgétaires

A partir du milieu des 70's, le déficit budgétaire devient subi et structurel, les dépenses telles que l'indemnisation du chômage ou le service de la dette croissent plus vite que les recettes. Les relances n'ont plus que peu d'effet sur la croissance mais elles favorisent l'inflation et creusent le déficit extérieur ; enfin la montée des déficits publics pénalise l'économie car les taux d'intérêts atteignent des niveaux historiquement hauts.

2.La politique monétaire

Au service d'objectifs finals généraux, la politique monétaire vise des objectifs intermédiaires qui lui sont propres. On peut distinguer deux types d'objectifs en économie ouverte: internes, le contrôle de la monnaie, et externe, la défense de la monnaie.

Jusqu'au milieu des années 70, la Banque de France utilise la procédure du réescompte, c'est à dire qu'elle rachetait à un prix fixe les effets escomptés par les banques aux entreprises. De plus, les banques disposaient de quotas de crédits qu'elles ne pouvaient pas dépasser( on parle d'encadrement du crédit ).

A partir de 1987 le réescompte laisse la place à l'open market: la banque centrale contrôle le crédit en refinançant les banques de second rang sur le marché monétaire en raréfiant(ou accroissant) la liquidité bancaire par l'achat ou la revente de titres.

3.La politique monétaire sous contrainte

Le triangle de Mundell présente les contradictions entre la réalisation et le contrôle simultané des trois objectifs de la politique monétaire: l'autonomie de la politique budgétaire, la stabilité du change, la libre circulation des capitaux. La politique monétaire n'est plus autonome car ses objectifs internes sont contraints par ses objectifs externes.

2.2 La politique économique contemporaine

1. Le monétarisme orthodoxe

Défendu par Milton FRIEDMAN, le raisonnement tient en trois propositions:

  • l'inflation est le mal absolu
  • elle est toujours un phénomène monétaire(excès de création monétaire par rapport à celle des biens)
  • la lutte contre l'inflation passe par la limitation de la création monétaire(ne pas injecter trop de liquidités dans le système économique)
2. La désinflation compétitive

La perte de compétitivité des entreprises serait à la source de l'inflation et du chômage, il faut donc conserver ses parts de marché en contrôlant ses coûts. Cela implique: _la limitation de la croissance des salaires (seule composante réellement maîtrisable ); une monnaie forte, qui facilite la désindexation des prix et des salaires en freinant l'inflation importée.

3. L'économie de l'offre

Elle vise à libérer l'entreprise des entraves qui limite son action et son dynamisme, en particulier la réglementation et la fiscalité qui sont jugées trop lourdes pour des agents économiques qui recherchent des marges d'action plus grandes. Cette politique trouva ses heures de gloire sous la présidence de R.Reagan aux Etats-Unis pendant les années 80.

2.3 Les limites de la politique économique sur le chômage

La politique conjoncturelle ne semble plus en mesure de lutter contre le chômage. En effet, le chômage est avant tout un phénomène structurel engendré par la combinaison de 5 facteurs :

  • la baisse de l'emploi industriel, la faible employabilité des chômeurs
  • la segmentation du marché du travail(distinction entre emploi à durée indéterminée offrant de nombreux avantages et emplois précaires qui mettent les salariés à la merci du patronat )
  • les rigidités qui affectent le marché du travail(code du travail très lourd, peu de flexibilité possible)
  • le coût du travail peu qualifié rendu trop élevé par les charges sociales qui pèsent sur lui.

Face à un tel chômage les solutions traditionnelles n'ont que peu d'efficacité.

D'où l'idée de réduire le temps de travail. Il reste néammoins que seul un retour soutenu de la croissance devrait permettre une diminution du chômage.

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