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Intégration économique et croissance

1 Libre échange, protectionnisme et croissance

1.1 Les justifications théoriques du libre échange

Laisser-passer !

Le libre échange est une théorie qui, en appliquant les thèses libérales aux échanges internationaux, préconise la spécialisation et la suppression de toute entrave aux échanges. Au laisser-faire du libéralisme concurrentiel correspond ainsi le laisser-passer du libre échange. Le libre échange se base sur l’efficience des marchés et de la détermination de prix et de quantité d’équilibre. La doctrine étend les avantages de la division du travail et de la spécialisation au niveau international.

Des avantages absolus aux avantages comparatifs

Pour Smith, tout pays a intérêt à se spécialiser dans la ou les production(s) pour lesquelles il dispose d’un avantage absolu, c’est-à-dire dont ces coûts de production sont inférieurs à ceux de tous les autres pays. Mais que se passe-t-il si un pays à des coûts de production toujours supérieurs à ceux de ses voisins ? Ricardo tient comte de cette situation et propose la spécialisation selon les avantages comparatifs. Un pays doit se spécialiser dans les productions pour lesquels l’avantage est le plus grand ou le désavantage le plus petit.

Le théorème HOS Hechsher-Ohlin-Samuelson, appelé aussi « loi de proportion des facteurs » montre que sous certaines conditions chaque pays à intérêt à se spécialiser dans la production et l’exportation du bien pour lequel les facteurs de production abondent dans les pays et dont le coût est faible et à importer les produits dont la production fait appel à un facteur rare. Une des conséquences est la tendance à l’égalisation des prix des facteurs de production dans les différents pays puisque le facteur abondant dans un, en devenant plus demandé se raréfie alors que le prix facteur rare va baisser, étant moins demandé grâce aux importations de substitution.

Les avantages concurrentiels

Michael Porter formule aujourd’hui la notion d’avantage concurrentiel (ou compétitif). Il existe selon lui :

Un avantage par les coûts qui signifie que l’entreprise a une meilleure efficacité que ses concurrentes en matière de production, commercialisation… La différenciation qui est la capacité à fournir un produit unique et supérieur aux autres en terme de qualité, de caractéristiques spécifiques ou de service après-vente.

Il en ressort la notion de compétitivité : capacité d’une entreprise à faire mieux que ses concurrents, dont un des indicateurs est le rapport qualité/ prix. On doit distinguer la compétitivité-prix (capacité à vendre un produit identique à un prix inférieur que les concurrents) influencée par les coûts de production, les marges ou profits, le taux de change de la monnaie de la compétitivité produit (ou qualité ou structurelle) qui fait jouer la nature du produit et tient compte de l’image de marque, de la fiabilité, de la performance des produits.

Les effets recherchés par le libre échange

La DIT permet de : optimiser la production mondiale car partout les produits sont fabriqués à leur coût de production minimal baisser le niveau général des prix et donc de stimuler la demande puis les emplois réduire le coût des importations et acheter moins cher pour les ménages

1.2 Le protectionnisme

Les critiques du libre échange

Les conditions qui justifiaient le libre échange ne sont plus d’actualité. Les avantages comparatifs de Ricardo sont basés sur des conditions qui ne sont plus vérifiées aujourd’hui : l’immobilité des capitaux et des hommes au niveau international, l’interchangeabilité des travailleurs. Le libre-échange accroît la dépendance entre les pays et est une perte d’autonomie.

Le protectionnisme a d’autres objectifs que la recherche de l’équilibre optimal sur le marché.

Le protectionnisme est un moyen de défense par rapport à une concurrence jugée déloyale (dumping, concurrence des pays à bas salaires, sous-évaluation monétaire, protectionnisme déguisé sous forme de mesures réglementaires, logistiques…) Le protectionnisme peut être un moyen au moins à moyen terme de protéger les productions nationales et l’emploi, certaines catégories de la population (les agriculteurs) par exemple en période de crise ou dans le cas d’industries naissantes. Ainsi F. List a développé la thèse du « protectionnisme éducateur » dont le but est de protéger les « industries dans l’enfance » de la concurrence des pays plus performants car plus expérimentés. Les termes de l’échange Les termes de l’échange indiquent les conditions dans lesquelles un pays échanges ses importations contre ses exportations. Ils permettent d’exprimer l’évolution de la quantité de biens et de services nécessaires pour se procurer d’autres biens sur le marché international. On mesure les termes de l’échange entre produits Ten =indice des prix des produits exportés/ indice des prix des produits importés x 100 si le rapport est >100, cela indique une amélioration des termes de l’échange, on tend à vendre à l’étranger plus cher qu’on ne lui achète. Si le rapport < 100, il y a détérioration des termes de l’échange, on tend à vendre moins cher qu’on achète.

La dépendance désigne la difficulté de certains pays pour mener une politique indépendante car ils ne disposent pas d’une véritable autonomie économique et financière. Limitée pour des économies développées (ex : la contrainte extérieure), elle est forte pour les PED : dépendance commerciale, technologique, financière, culturelle.

Les outils du protectionnisme :

Le protectionnisme est l’ensemble de mesures ayant pour objectif de limiter ou de supprimer les importations de biens et de services de façon à protéger l’activité intérieure du pays contre la concurrence étrangère.

  • barrières tarifaires ou droits de douane
  • barrières non tarifaires : contingentement ou quota sont des restrictions quantitatives aux importations, normes nationales de qualité (techniques ou sanitaires), subventions aux producteurs nationaux…

2 Intégration économique : l'exemple de l'Union Européenne

2.1 Les degrés du libre-échange

Il existe une gradation de libre échange, depuis l’abaissement partiel des barrières douanières jusqu’à l’union économique.

  • Accords partiels
  • Accords bilatéraux, multilatéraux : réduction des obstacles protectionnistes entre deux ou plusieurs pays.
  • Clause de la nation la plus favorisée : accord entre deux pays stipulant qu’ils bénéficient de tout abaissement tarifaire accordé à un tiers.
  • Préférence non réciproque : on accorde à un pays la clause de la nation la plus favorisée sans que celui-ci soit tenu d’en faire autant (les PED purent en bénéficier dans le cadre du GATT, depuis 1964 jusqu’à l’Uruguay Round).
  • Accord d’autolimitation : un pays exportateur peut accepter de limiter la croissance de ses exportations, par crainte d’encourir des restrictions plus sévères.
  • Zone franche : partie du territoire national dépourvue de toute barrière aux importations et accordant souvent un régime fiscal favorable aux investissements directs (zone de Zhuhai et Shenzhen dans la province chinoise de Canton).

De la zone de libre échange à l’intégration économique:

  • Une zone de libre échange suppose la suppression des droits de douane entre ses adhérents
  • Une union douanière est une zone de libre échange dont les adhérents établissent un tarif extérieur commun vis-à-vis de tous les autres pays (entrée en vigueur en 1968 pour l’Europe)
  • Le marché commun est une union douanière où est instaurée la libre circulation des facteurs de production (Traité de Rome en 1957 donne naissance à la Communauté Economique Européenne)
  • L’union économique est un marché commun dont les politiques économiques nationales sont harmonisées (Nov 1993 la CEE devient l’UE)
  • L’intégration économique suppose que les pays harmonisent monnaie, budget, fiscalité et réglementation sociale

2.2 Les paradoxes de l'Union Européenne

Aujourd’hui, au niveau international, une des dimensions majeures de l’économie est le développement de la régionalisation, c’est-à-dire d’accords unissant de manière plus ou moins étroite un groupe de pays.

La CEE est née de la volonté de ses pères fondateurs (Monet, Schuman) de développer quantitativement les échanges en agrandissant le marché des pays qui allaient dès lors devenir complémentaires. Cela s’est en effet traduit par une ouverture sur l’extérieur (la part des importations dans le PIB des pays de l’Europe des 15 dépasse largement le quart du PIB). Mais l’ouverture cache une fermeture vis-à-vis du monde car pour l’essentiel ces importations concernent les échanges internes à l’Europe.

Si l’union accroît les échanges entre les pays ayant choisi l’intégration régionale, elle opère un « détournement de trafic » à leur profit. le taux moyen d’ouverture est essentiellement le fait des échanges intra-Union qui ont quasiment doublé, en % du PIB depuis 1965

2.3 La monnaie unique, l'Euro

L’union est partie de l’idée qu’une plus grande ouverture aux capitaux aux hommes et aux marchandises allait stimuler les échanges, la production, les emplois.

  • L’Union fait la force ! Les pays peuvent s’unir en matière de dépenses lourdes, de recherche et gagner en compétitivité par rapport au reste du monde ou devenir des pays de technologie de pointe (projet européen AIRBUS, Ariane…)
  • L’effet dimension permet de réaliser des économies d’échelle et des gains de productivité grâce à la possibilité d’amortir les coûts de production sur de plus grande série et de bénéficier des avantages comparatifs de chacun.
  • L’harmonisation des politiques économiques et l’adoption de la monnaie unique renforce l’attractivité de la zone. Les capitaux affluent, les taux d’intérêts réels baissent, l’investissement est stimulé et enfin des emplois ont crées à moyen terme.
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